Jean-Guy Ouimet, photographe, nous invite à parcourir l’exposition Images rêvées, dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque, jusqu’au 8 janvier : « En espérant que vous aurez autant de plaisir à découvrir mes photos que j’en ai eu à les créer. »

Jean-Guy Ouimet en est à sa troisième exposition. Avec Images rêvées, il met l’accent sur la création de l’image et nous offre son « moment rêvé. »  « Ma marque de commerce, ce qui me distingue, c’est le rendu de la photo. Je ne fais pas de  peinture.  Mais je crée quand même des tableaux. » dit celui qui ne fait qu’un seul tirage de ses images pour que chacune d’elles reste unique.

 

Passage au numérique

Jean-Guy Ouimet a commencé à faire de la photo dans les années 70. Il adorait ajuster son appareil pour trouver les bons cadrages, sélectionner la bonne ouverture pour la luminosité, etc. Il aimait tout autant  développer ses films argentiques. En chambre noire, la magie opérait lorsqu’il voyait graduellement naître l’image sur le papier d’impression.

 

Il est passé au numérique il y a six ans, pas par choix, par obligation. « J’étais rébarbatif », admet-il. Il ne s’est d’ailleurs pas acheté lui-même son premier appareil numérique. Il lui a été offert par ses enfants. Il a dû se l’approprier. « C’est complexe explique-t-il. Beaucoup de personnes se limitent à utiliser dix pourcent des possibilités techniques disponibles. Mais il faut prendre le temps d’apprendre. Je ne prétends pas utiliser cent pour cent du mien, mais, quand même, un bon pourcentage! Maintenant je ne reviendrais pas en arrière. »

 

En plus de toutes les options offertes pour la prise de photos, il emploie les fonctions de l’appareil utilisables à l’ordinateur. Ce qui lui permet d’apporter certains correctifs, comme modifier la couleur et les perspectives.  Il travaille aussi avec un programme de traitement de l’image, en tirant parti des nombreux effets qu’il permet de créer.

 

Projeter son imaginaire

Jean-Guy Ouimet n’est pas dans la reproduction réaliste. Il n’aime pas ce qui est trop facile, « gratuit » . Il veut que ses images deviennent des découvertes. Il aime « amener le spectateur à se projeter et à projeter son propre imaginaire. » Dans certaines images de l’exposition, il a transformé jusqu’à cinquante pourcent du cliché d’origine, au point de « lui enlever sa réalité. »  Petit défi : essayez de trouver l’image prise à New-York qui, au point de départ, représentait des bateaux.

 

Que ce soit les captations d’un vol d’oiseau sur un lac, d’un coucher de soleil ou d’une forêt, il a su débusquer des prises de vue aux perspectives saisissantes. Elles deviennent captivantes lorsqu’il s’attarde sur un tronc torturé, une branche d’arbre scarifiée ou des feuilles mortes. Il parvient à attribuer un caractère de beauté tragique à ces matières sacrifiées qui nourrissent la terre et favorisent sa régénération.

 

« Les formes, les couleurs, les ombres, les perspectives deviennent les éléments de la création d’un nouveau tableau. »  L’une de ses photographies s’appelle À la manière de Seurat.  À la manière de, puisqu’il ne s’agit pas de touches de peinture. Pourtant, lorsqu’on la regarde, l’oeil renvoie une image au cerveau qui évoque immédiatement le pointillisme de ce peintre post-impressionniste. Un trompe-l’oeil bien réussi. Il s’agit, en réalité, d’un étang frémissant photographiée sous la lumière et la nature vivante qui l’enlace. La nature au secret nous propose également un motif très pictural. Jean-Guy Ouimet a su, de très belle façon, y illuminer et texturer des ramures, des branchages et des brindilles créant du même coup une image qui s’adresse directement à l’imaginaire.

 

Puis il y a ces photos comme Balade en forêt et Le Passage. Des effets spéciaux accolés aux paysages semblent leur ouvrir la porte d’une autre dimension, celle d’un monde vibrant et évanescent. Sans oublier les photos-tableaux plus surréalistes. On ne cherche pas à savoir ce que représentent ces créations.  On se laisse tout simplement happer par les formes et le mouvement.

 

Le photographe n’arrête pas là son exploration. Il utilise le noir et blanc pour, en quelque sorte, sacraliser certaines images. Par exemple, Baigneurs, photo sur laquelle, initialement, deux personnes s’ébrouaient avec insouciance sous des jets d’eau, devient, après traitement, un implicite hommage rituel à l’eau et à la terre.

 

Les cadres

Jean-Guy Ouimet a enchâssé ses photographies dans des cadres rustiques qu’il a lui-même fabriqués. Ils sont faits de planches de bois qu’il a sélectionnées dans une scierie. Le photographe souhaitait être le seul artisan de l’ensemble de son œuvre, qu‘elle soit « sa création de A à Z ». Cet habillage personnalisé confère à ses compositions une facture d’autant plus distinctive.

 

De la bouche d’un enfant

Il y a quelques jours, un enfant lui a dit, en regardant une de ses photos sur laquelle on voit une forêt : « J’aimerais en avoir une comme ça. » Peut-on recevoir meilleur commentaire et compliment que celui-là pour une exposition intitulée Images rêvées?