C’est un Boeing 747 d’Air Canada qui est le premier avion à se poser sur la piste lors de l’inauguration officielle de l’aéroport international Montréal-Mirabel le 4 octobre 1975. Le lendemain, le Concorde supersonique en est la vedette. Aujourd’hui appelé Aérocité Internationale de Mirabel, un nom qui reflète sa nouvelle vocation industrielle, voici son histoire.
Projet issu d’un plan de développement aéroportuaire de la région de Montréal par le gouvernement fédéral canadien de la fin des années 1960, il devait délester l’aéroport de Dorval et devenir la « porte d’entrée au Canada ». Pour « le plus grand aéroport du monde quant à la superficie » et après de nombreux débats, c’est Mirabel qui est choisi en 1969, alors que le gouvernement provincial préfère la ville de Drummondville.
Expropriation
La mise en chantier au début des années 1970, touche totalement ou partiellement 14 municipalités, entraine le déplacement de près de 12 000 personnes et la démolition du village de Sainte-Scholastique. Plus de 3000 propriétaires, dont bon nombre d’agriculteurs doivent céder leur terre, parmi les meilleures terres agricoles du Québec, pour une compensation inférieure à leur valeur marchande. En 2010, le film Le fantôme de Mirabel, en documente la saga.
Déclin
Construit en un temps record de 5 ans au coût de 500 millions de dollars, il devait accueillir près de 40 millions de passagers par année vers l’an 2000. Des estimations trop optimistes de la croissance du trafic aérien. Son site éloigné et difficile d’accès incitent les voyageurs à préférer Toronto. La crise pétrolière majeure de 1973-1974 fait augmenter le coût des voyages aériens. Des projets de nouvelles autoroutes et d’un train à grande vitesse qui devaient le relier à Montréal et Ottawa ne sont pas achevés. Le développement prévu n’est pas au rendez-vous.
La mission de l’aéroport change
Le 9 septembre 2003, l’aéroport Dorval se nomme désormais l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau (Montréal-Trudeau). Il devient la seule destination des vols internationaux. Cette décision sonne le glas pour Mirabel, moins de 30 ans après son ouverture. Le 31 octobre 2004, l’aéroport cesse complètement d’accueillir ces passagers. En 1981, le gouvernement fédéral lance un programme de rétrocession d’une grande partie des terrains où d’importantes industries aéronautiques s’installent. En 1992, la gestion des aéroports est dorénavant confiée à des organismes locaux. C’est maintenant Aéroports de Montréal (ADM) qui en a la responsabilité.
Nouvelle vocation
En 2006, un consortium a proposé de transformer l’aérogare en vaste complexe récréotouristique. La crise financière de 2008 a finalement mis fin à ce projet. Le 1er mai 2014, ADM jugeant que l’aérogare « est désuète et que son potentiel de récupération est économiquement injustifié », décide que celle-ci sera démolie. Ce qui sera complété en 2016. Mais avant les bulldozers, des caméras de cinéma en profitent pour tourner plusieurs films, dont Le Terminal de Spielberg. En 2019, on annonce la restauration de la tour de contrôle fermée depuis 2008. Aujourd’hui, Aérocité internationale de Mirabel, outre des services complets de fret, offre des vols passagers d’hélicoptères ainsi que des services pour vols privés. Une école de pilotage est aussi installée sur l’aéroport. Une section a été réaménagée en circuit d’essais routiers et de course automobile respectant les normes de la FIA, ainsi qu’une piste consacrée au karting.
De projet d’envergure à éléphant blanc, Mirabel est aujourd’hui un centre où l’industrie aéronautique, fret et messagerie, les services spécialisés et les activités sportives lui permettent de prendre un second envol.
Sources :
Archives Radio-Canada 15 septembre 2017 : Le triste sort de l’aéroport de Mirabel.