Pas facile d’être un père en 2024. Je dis ça, pourtant il est fort à parier que chaque génération a eu ses défis. Mon père et mon beau-père ont dans les soixante-dix ans. Ils sont l’exemple parfait des hommes modernes : ils ont étés protecteurs, pourvoyeurs, travailleurs acharnés et désormais heureux retraités. Ils ont appris en accéléré les technologies. Ils ont appris comment exprimer leurs émotions, eux qui avaient cru comprendre dès leur jeune âge « qu’un homme, ça ne pleure pas ». Ils ont bâti la charpente de leurs maisons, ainsi que les fondations de leur famille. Ils se sont fait remonter les bretelles par la société et par la jeunesse qui aspiraient à plus d’égalité. Ils ont donc encaissé les critiques, acceptant d’essayer de changer de point de vue, de tenter de comprendre ce qu’on attendait d’eux. L’exemple de leur propre père n’était plus d’actualité. Ils ont dû se réinventer.
Une mission plus que réussie pour papa et beau-papa et j’ai la fierté de dire que mon homme remporte également les honneurs auprès de nos trois oursons. Je reconnais en lui toute la poésie de la chanson « le plus fort, c’est mon père ». Les jeunes pères que je côtoie sont pour la plupart aimants et tendres, forts, drôles, pleins de bon sens et de logique. Ils sont fiers de leur marmaille et s’investissent à fond chaque jour pour elle.
Quel immense bonheur de surprendre chez mes deux fils toutes ces petites choses qu’ils tiennent de papa! Les mêmes réflexes et exclamations. Ils suivent les traces d’un père admirable et de grands-pères vaillants. Ça ne pourra que les inspirer à donner le meilleur d’eux-mêmes tout au long de leur vie. Mes oursons deviendront-ils des papas-ours à leur tour? Lorsque j’y pense, je suis déchirée entre la hâte de vivre cette aventure avec eux en devenant grand-maman et la tristesse de les voir grandir si vite. Je voudrais qu’ils demeurent à jamais dans cette existence d’innocence et de jeux, aux creux de nos bras, couverts de câlins et de rires. Je sais bien que ce n’est pas une question d’âge, les bras de mon père sont toujours ouverts et disponibles pour moi qui approche 50 ans.
Avec des mains encore pleines de vigueur et d’agilité, des mains prêtes à aider sans jamais rien demander en retour. Voilà les mains de mon père. Elles tremblent parfois, hésitent, cherchant la meilleure approche, la meilleure technique. Et elles agissent : elles créent, osent, caressent, édifient et solidifient. Des mains merveilleusement aimantes, capables autant de serrer les ouïes que de tenir doucement la menotte d’un enfant. Des mains qui concluent des affaires en une poignée, avec respect, qui jamais ne s’élèvent dans la colère contre autrui. Des mains qui sèchent les larmes et que tous les enfants devraient pouvoir tenir. Oui, voilà les mains de mon père. Je lui souhaite ainsi qu’à mon beau-père et au père de mes oursons, une joyeuse fête des Pères.