• Accueil
  • >
  • Article
  • >
  • Église de Saint-Hippolyte, lieu de mémoire Vitraux et ornements, miroirs de la vie des donateurs

Église de Saint-Hippolyte, lieu de mémoire Vitraux et ornements, miroirs de la vie des donateurs

 

 

Actuellement, une campagne de financement mobilise paroissiens et citoyens hippolytois pour la réfection des fenêtres protectrices des vitraux de l’église, joyaux patrimoniaux uniques, inestimables.

Rares sont les églises paroissiales, et encore moins les églises de campagne comme celle de Saint-Hippolyte, qui possèdent autant de précieuses œuvres vitrières, de fresques et d’ornements d’aussi grande valeur artistique. Leur présence, liée à l’histoire de cette municipalité et surtout au fait que dès 1890, elle constituait le premier lieu champêtre en importance dans les Laurentides, est pourtant le fruit de personnes audacieuses et de savoir qui en ont été les maîtres d’œuvre.1

Legs d’une autre époque

Aujourd’hui bien sûr, si vous entrez dans cette église par une journée ensoleillée, difficile de rester indifférent à l’effet lumineux qu’ils produisent, étant de tant de coloris. De plus, bien que certains personnages vous soient peut-être familiers, il est fort possible que certains vous soient inconnus. Encore plus si vous vous attardez à la raison de leur posture, aux objets montrés et aux choix des couleurs des verres. Pourtant, rien n’est anodin !

Dons humbles, mais personnalisés

La recherche actuelle, tenant compte qu’à cette époque en matière de don à l’Église, il fallait en toute chose faire preuve d’humilité, rappelle que ces vitraux sont des legs très personnalisés. Ainsi, pour en connaître toute la valeur patrimoniale, il faut mettre en lumière la vie de leurs prometteurs : pasteur, marguilliers, principalement ceux responsables de la reconstruction de l’église, paroissiens ainsi que les généreux donateurs vacanciers.

Il y eut un temps

Il n’y a pas si longtemps, en pays de colonisation, connaissance et savoir étaient le privilège des biens nantis. Dans les campagnes très jeunes, chacun dans chaque famille était mobilisé aux travaux de la ferme : filles dans la maison et au potager, garçons, aux animaux et aux chantiers. Pour faire sa vie, à peine était-il nécessaire de signer son nom, de réciter quelques prières de mémoire et de suivre « les pas de Jésus et des saints ».

Enseignements de l’Église : crédo d’éducation et de vie quotidienne

On apprenait par compagnonnage et observation des pratiques et des récits de vie des aînés et des voisins et par les nouvelles que la maîtresse de poste avait la générosité de partager à partir des écrits de la Gazette ou des visiteurs rencontrés. On adaptait nos opinions politiques selon l’art des politiciens de passage, en cabale. Mais surtout, on adoptait notre pensée morale et les agirs qui en découlaient selon les enseignements du prêtre pasteur lors de chaque office religieux. L’homélie, les prêches et les retraites des religieux visiteurs se voulaient le « crédo » de la vie quotidienne et civile. Prières et pratiques religieuses quotidiennes avaient leurs pouvoirs, tout comme des saints, leur statut à l’exemple de leur vie.

 

1          Livre II, Délibérations de la Fabrique de Saint-Hippolyte, 1929 à 1970.

 

 

Médéric Barbeau, curé éducateur Église : lieu d’éducation à la foi

À la lumière du déroulement des événements et des rôles joués par les acteurs en présence, lors de la reconstruction de l’église de Saint-Hippolyte détruite par le feu en 1933, un consensus apparaît, sous l’influence du curé Médéric Barbeau. L’église se doit d’être un lieu d’éducation à la foi. 1

Barbeau : « Pratiques d’un bon chrétien »

Ce que l’on sait de Médéric Barbeau (1883-1935) nous indique que ce dernier est nommé curé de Saint-Hippolyte à l’âge de 45 ans après avoir été enseignant durant quelques années au Séminaire de Sainte-Thérèse. 2 À la lumière de l’une de ces contemporaines, Pauline Brisson, 3 il apparaît être le gardien des « pratiques d’un bon chrétien ». Cela se perçoit dans le choix même du dessin du vitrail de Saint Hippolyte, l’illustrant au moment du sacrement de son baptême par Saint-Laurent. On retrouve également cela dans les figures dessinées autour de ce vitrail circulaire. Ils présentent la pratique des différents sacrements, favorisant ainsi une « union fréquente à Dieu et à son Église. »

Plusieurs membres de la famille de Médéric Barbeau ont joué des rôles importants. Parmi ses frères, on relève : Antonio, médecin, Gérard, prêtre et Émile inventeur de la technique Barbeau en apiculture et fondateur de la Catholic Order of Foresters. Son neveu Gérard Barbeau, enfant prodige sera dans les années 1950, La Voix d’Or du Québec, donnant des concerts en Europe et participant à quelques films musicaux.

 

Signature du curé Joseph Médéric Barbeau, 25 juillet 1935, quelques journées avant sa mort subite.                                                                     crédit a.m. ledoux

 

1 : Le Sentier, journal communautaire de Saint-Hippolyte, voir Éditions antérieures, chroniques Antoine Michel LeDoux, Une Histoire si proche ! https://journal-le-sentier.ca

2 :  Arthur Gohier (1887-1960) marguillier et maire de 1935 à 1947 de 5 ans son cadet a fréquenté également le Séminaire de Sainte-Thérèse.

3 :  Pauline Brisson, contemporaine, le décrit ainsi : « […] âgé et malade, très scrupuleux et d’une sévérité excessive; il était resté attaché – accroché serait un mot plus juste – aux coutumes anciennes. De voir les femmes en pantalon le rendait furieux. […] Il avait fait passer un règlement par la municipalité interdisant le port du short au village, sous peine d’amende […] ».

L’Histoire sainte et celles des saints : crédo de vie quotidienne

Au Québec, jusque dans les années 1950, l’Histoire sainte est une matière sanctionnée du programme des écoles catholiques romaines.1 La connaissance des lois de Dieu et des Hommes (les Dix Commandements) et celle des prières donnent alors accès aux sacrements. En première année, ceux de la Première communion et du Pardon (confession), puis de leur confirmation par la cérémonie de Grande Communion chez les 12-13 ans, après une semaine de retraite et d’enseignement.

1 Devenu selon les réformes Le Petit Catéchisme et ses 100 questions, puis par les cours de catéchèse et la préparation aux sacrements, sous les thèmes du voyage et autres.