Parfois, je m’imagine que nous sommes comme des poupées russes qui s’appelaient d’abord matriochkas et qui signifie encore « petites mères » et est le symbole de la mère portant un enfant dans son corps.

 

Ce sont plusieurs poupées de tailles décroissantes disposées les unes à l’intérieur des autres. Elles illustraient aussi l’union et l’unité des corps, de l’âme, de l’esprit et du cœur. Il est important de noter que la plus petite des poupées est la plus fragile, car elle est à l’image de notre enfance où nous ne possédions pas encore les forces qui nous permettraient de survivre. Si je crois que nous ressemblons à ces poupées russes, c’est que vivent en nous de multiples poupées qui ont construit ce que nous sommes et qui continuent de vivre en nous.

 

De plus, chaque poupée imbriquée les unes dans les autres est censée être à l’image des étapes importantes de notre évolution. Il y a en nous de multiples aspects, nuances, réalités que nous pouvons animer selon les circonstances, les passages, les âges que nous traversons. Nous conservons en nous ces différentes formes et j’ai parfois le sentiment que nous, humains, sommes aussi ce type de poupées. Nous n’agissons pas de la même façon, nos réactions, notre façon de percevoir la réalité et même ce que nous sommes varient selon ce que nous vivons.

 

Je sais qu’il n’y a pas qu’une seule Monique et qu’elle s’anime différemment selon ce qu’elle vit, selon ce qui lui donne de l’énergie ou de la lassitude. Il y a aussi l’âge qui, comme ces poupées, transforme notre forme physique. Notre forme de vie aussi. L’enfance, l’adolescence, l’adulte et même le vieil âge s’installent en nous et continuent de vivre à l’image de ces poupées imbriquée les unes dans les autres. J’ai en moi la petite fille bercée par son père et son grand frère. J’ai aussi l’adolescente un peu rebelle, la jeune fille découvrant l’amour, la femme enceinte qui donnera naissance à un nouvel humain, celle aussi qui avait le bonheur d’enseigner ce qu’elle aime encore passionnément : la littérature.

 

Réside aussi mon séjour de deux ans au Maroc où je préparais les étudiants à réussir leur baccalauréat. Séjourne aussi mon enfance au bord du fleuve où la seule loi était de rentrer à la maison lorsque l’angélus sonnait. Tout cela réside en moi et je dois m’arrêter car la poupée russe souffrirait d’obésité!