Sourire aux lèvres, notre «invisible» du mois, pourtant grand et costaud, passe souvent inaperçu dans les allées étroites de son lieu de travail qu’il arpente depuis près de 10 ans. Il vous paraîtra heureux et, croyez-moi, cela n’est pas anodin!

À votre passage, s’il est accroupi, gentiment il se lèvera pour vous laisser préséance. Profitant de son petit coup d’œil discret et de son regard accueillant, vous vous permettrez peut-être une demande,  à laquelle il répondra promptement. Observateur, à l’intonation de certains mots, vous reconnaîtrez peut-être de petite intonation anglophone, sa langue maternelle. Et, demandez à ses collègues de travail combien de fois son bilinguisme les a dépanné ! Et, je ne serais pas non plus étonné qu’ils vous parlent de son empressement à les aider, en toute occasion, toujours souriant et au regard accueillant.

Servir et aider les autres, avec un sourire

Ces deux verbes qui résument l’essentiel de son travail actuel, ont aussi été les moteurs des autres emplois qu’il a exercés dans sa vie. À la fin de la lecture de ce texte, vous comprendrez pourquoi, aujourd’hui, il sourit à la vie ! «Les émotions nous rattrapent toujours, nous confie-t-il, et l’emploi que j’occupe actuellement me permet d’être en équilibre et me rend heureux. Je me sens utile aux clients, à mes collègues et à mon patron René Stampfler. Nous sommes une petite équipe mais toute une équipe…tissée serrée, comme on dit ! En 2017, nous avons été les premiers dans l’est du Canada pour la vente de sacs de Guignolée à 10 $ lors de la campagne annuelle de La Guignolée [… ]1 Et, pour rester actif et vivant, il faut apprendre… et dans mon travail, j’apprends tous les jours : des produits nouveaux sur le marché, à ceux sans gluten et biologiques. C’est derniers sont en forte demande et les clients m’interpellent pour en connaître les ingrédients. Cela m’oblige donc à m’y intéresser et à apprendre et, cela me garde actif!»

Quand l’amour décide pour nous

Enfant, vous lui auriez demandé si un jour il aurait pensé vivre à la campagne et y travailler,  il vous aurait répondu que c’était, pour lui, impensable ! Mais il ne connaissait pas l’immense pouvoir de Cupidon. « Mon enfance longueuilloise n’a pas été facile, nous dit-il. Années 1970, un papa francophone disparu, une maman anglophone monoparentale avec deux garçons et qui doit composer avec une perpétuelle précarité financière, cela n’est pas favorable à faire naître beaucoup de rêves!  Puis, jeune adulte, j‘ai dû faire ma place sur le marché du travail avec un mince bagage scolaire qui n’ouvrait pas beaucoup de portes. Pourtant, j’ignore ce qui flottait dans l’air de cette cafétéria du bureau d’assurances du centre-ville de Montréal où je travaillais comme commis à l’entrepôt mais, il a suffi que je croise Marie-Hélène Gariépy pour que tout change et devienne possible! »

 

Douce quiétude hippolytoise

«Marie-Hélène, my darling, est native de Saint-Hippolyte mais elle résidait à Verdun pour son travail. C’est en venant avec elle, ici, les fins de semaine, que j’ai connu la quiétude et la chaleur humaine des Hippolytois. J’ai tout de suite été charmé. Quel accueil chaleureux j’ai reçu de ma future belle famille ! Ainsi, après quelques années à vivre à Longueuil, nous nous sommes installés à Saint-Hippolyte, en 1988. Nos deux belles filles sont venues compléter notre petite famille : Mary- Elizabeth et Mégane.»

Les délinquants, les aider à aimer la vie, malgré eux !

« Avec mon enfance difficile, les manquements qu’elle a laissé qui lentement ont été généreusement comblés avec Marie-Hélène, mes filles et ma belle-famille et m’ont aidé à y voir le «positif», je me sentais prêt à redonner.  C’est dans cette atmosphère de vouloir montrer les possibilités de recomposer la vie des jeunes blessés, abusés et désœuvrés que j’ai travaillé à l’École Mountainview Batshaw,  Campus Prévost, de 1990 à 2011. Par bout c’était dur, trop dur ! Ces jeunes ont appris à s’exprimer par des modes de violences et de manipulations de leurs milieux : parents et adultes. Apprendre à faire confiance est pour eux une immense conquête !  Alors, vouloir simplement les accompagner comme adulte, vouloir simplement être présent, leur parler, jouer à des jeux et les accompagner dans leur quotidienneté, ça demande de notre part beaucoup de patience et de ténacité. Ils nous croient «manipulateurs» et se méfient en tout. La carapace est dure à se débarrasser et la  confiance si difficile à établir et si fragile à conserver ! Vous savez, lorsqu’on côtoie un jeune durant quelques temps, qu’on chemine avec lui et qu’un beau matin, il faut le «décrocher»… c’est épouvantable et impossible à oublier!»

Sport et art pour relaxer

Par chance, la beauté et le calme de la nature de Saint-Hippolyte, insiste-t-il, les moments paisibles à la pêche et lors des randonnées l’ont aidé. Puis, les enfants, sources intarissables, nous tirent vers les beautés de la vie.  Durant 17 ans, le soccer aves ses filles et les équipes des Tornades, m’ont fait vivre de bons moments. Et d’une façon autodidacte, je me suis initié à l’art : celui du dessin délicat et minutieux à l’encre de Chine. « Ces moments de création demandent que mon esprit se vide de tout tracas pour me permettre de me concentrer totalement : sur la ligne,  sur le trait, petit et précis. L’événement annuel de Montagne-Art a été pour moi, de 1995 à 1999,  un tremplin extraordinaire pour me réaliser en tant qu’artiste. J’ai été présent le plus possible, produit régulièrement et présent à un kiosque pour présenter mes œuvres… moi y compris !  Je suis fier d’avoir été l’un des signataires de la sculpture 359, en 2000.»

 

Avez-vous découvert l’invisible indispensable ?

L’identité de cette personne et de nouvelles informations sont dévoilées dans l’édition du site web au https://www.journal-le-sentier.ca/

Alan Millette est l’invisible indispensable du mois de juin 2020. Conjoint depuis 1988 de Marie-Hélène Gariepy, il a deux filles : Mary-Elizabeth, qui a 25 ans, et Mégane, 20 ans. «J’adore ma vie à Saint-Hippolyte, nous confie-t-il, elle se présente calme et paisible, si on la veut ainsi ! L’ambiance du milieu, le contact aimable et agréable des gens et la Nature encore très présente et accessible, nous permettent de reprendre pied et de se ressourcer. Un grand philosophe [Socrate] ne disait-il pas… il n’est pas juste important de « vivre » mais il faut « vivre bien » par et avec des valeurs ! Un milieu comme le nôtre est un atout important à notre époque, surtout avec les bouleversements que nous vivons. Un coin et une appartenance où nous nous sentons bien et qui peut nous permettre de reprendre pied.

Sources :

  • «… des marchands Tradition et Bonichoix» voir article de Jean-Pierre Tremblay, La Guignolée au Marché Tradition : mobilisation d’équipe et générosité locale, Le Sentier, Février 2019.