Le mardi 30 mai 2023 restera à jamais gravé dans ma mémoire. Peu avant midi, alors que je revenais chez moi par la 333, un chevreuil a bondi directement devant mon véhicule. J’ai à peine eu le temps de commencer à freiner et je l’ai frappé de plein fouet. La pauvre bête a fait un vol plané jusqu’au garde-fou, de l’autre côté de la route.

 

Rien de grave, mais…

Ébranlée, j’ai rangé ma voiture sur l’accotement. Pour assurer ma sécurité, je suis demeurée à l’intérieur et j’ai vu avec impuissance l’animal tenter de se relever ; il s’est effondré en essayant de courir, puis il est resté quelques minutes sans bouger. Un camion s’est arrêté à ma hauteur et quelqu’un m’a gentiment demandé si j’allais bien ; je m’apprêtais à aviser quelqu’un, mais je n’avais aucune idée de qui appeler. Il m’a répondu que c’était OK, qu’on viendrait le chercher. Les gens s’arrêtaient dans les deux sens ; je n’osais pas sortir de mon véhicule, je ne savais pas quoi faire.

 

Deux hommes qui portaient un dossard orange se sont dirigés vers le chevreuil. À ce moment, je suis sortie de ma voiture et je suis restée sur l’autre côté de la route. Ils ont tenté de vérifier ses blessures, l’ont flatté, et l’animal s’est relevé pour tomber encore. J’ai entendu l’un d’entre eux dire qu’il avait les deux pattes avant cassées. Le chevreuil a fini par se mettre debout et a réussi à avancer en boitant, se dirigeant dans le boisé. L’homme a levé les bras en déclarant : « Tant pis, on ne peut rien faire pour lui! ».

 

Manifestement fâché, il avait l’air accusateur. Je lui ai appris que la bête avait sauté devant moi. Il s’est adouci un peu en disant qu’il trouvait ça bizarre, car les chevreuils sortent plutôt la nuit, normalement. Les hommes sont remontés dans leur camion, puis la circulation a repris dans les deux sens. De retour dans mon véhicule, j’ai eu besoin de quelques minutes encore avant de remettre le contact et de reprendre la route. J’étais triste et je me sentais coupable. De retour à la maison, quelque chose me chicotait. J’ai donc cherché sur internet pour savoir ce que j’aurais dû faire. J’ai appris que mon intuition était bonne et j’ai fait les démarches qui s’imposaient.

 

Quoi faire si vous frappez un animal sur la route

Au Québec, en cas de collision avec un animal, il y a une procédure à respecter : c’est la loi.1 Pourtant, rares sont ceux qui savent comment agir lorsque cela se produit.

  1. La première chose à faire est d’immobiliser votre voiture sur l’accotement, d’activer les feux de détresse et d’évaluer la situation. Y a-t-il des blessés, d’autres véhicules impliqués ?
  2. Dans le cas d’un impact avec un animal domestique ou sauvage de plus de 25 kg, vous devez signaler l’accident. De plus, plusieurs bêtes font partie d’une liste à déclaration obligatoire.2 Puisque nous ne sommes pas toujours en mesure de juger ces critères, et pour éviter des problèmes et des amendes (jusqu’à 300 $ et 9 points d’inaptitude), appelez le 9-1-1 et déclarez tout accident. Ils rempliront au besoin un rapport avec vous et cela pourra servir pour vos assurances.
  3. Malgré votre bonne volonté, restez loin de l’animal blessé. Il pourrait être porteur de maladies, et ses réactions peuvent être imprévisibles : il pourrait vous infliger des blessures lui aussi! Appelez plutôt un agent de la protection de la Faune et des Parcs au 1-800-463-2191. C’est un service 24 h/24. En plus d’effectuer votre déclaration obligatoire, ils pourront retrouver la bête rapidement et soulager ses souffrances si celle-ci n’a aucune chance de s’en sortir.

 

Comment prévenir ?

Il est difficile d’éviter ce genre d’accident. Bien sûr, nous pouvons faire preuve de vigilance dans les zones à risque, ralentir et faire attention aux reflets des yeux d’un animal sur le bord de la route. Ces accidents surviennent habituellement quand le soleil se couche ainsi que la nuit ; par contre, lorsque cela arrive en plein jour, difficile de voir un reflet!

 

Je me questionne sur la limite de vitesse dans les secteurs qui avertissent la présence d’animaux. Plusieurs sections du chemin des Hauteurs affichent une vitesse permise de 70 voire 80 km/h. Comment éviter les collisions ou en diminuer la gravité à cette vitesse ? Le problème, c’est que la plupart des gens roulent souvent de 5 à 15 km/h au-dessus de la limite. Non seulement le temps de réaction est considérablement réduit, mais l’œil ne peut percevoir les mêmes détails sur le bord de la route. Comment sensibiliser les conducteurs ? Chose certaine, je serai doublement vigilante à partir de maintenant…

 

1 educaloi.qc.ca/capsules/collision-avec-un-animal-que-faire

2 legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/C-61.1,%20r.%204