La chasse sportive est très pratiquée au Québec. Au fur et à mesure que nos conditions de vie s’améliorent, nous délaissons la chasse de subsistance pratiquée par nos ancêtres. La chasse perpétue des traditions familiales avec les frères, beaux-frères, neveux, cousins et même, de plus en plus, les femmes.

 

Plusieurs s’interrogent sur cette pratique qui caractérise l’aspect animal de l’homme. Dans la nature, le chasseur devient l’homme en alerte. Il ne sait pas ce qui arrivera. Son esprit doit être concentré constamment et oublier tous les tracas quotidiens.

 

José Ortega y Gasset

José Ortega y Gasset (1883-1955) est un philosophe espagnol qui a réfléchi sur cette activité. Il médite, utilise sa raison pour chercher les fondements, ce qui est éternel et immuable dans la chasse, « qui, à la limite, relève du spirituel ». Son texte nous présente ses réflexions sur « cette union mystique avec l’animal ». Comme tout bon philosophe, il n’est pas impliqué dans le sujet étudié. Il ne chasse pas. Il prend ses distances, se réfère à l’histoire, l’Antiquité et même la Préhistoire, les racines grecques et latines des mots et l’ancien français. Pour lui, « il n’est pas essentiel à la chasse qu’elle soit réussie ».

 

Son livre Méditations sur la chasse, écrit en 1942 a été traduit en plusieurs langues, mais jamais en français. Les Éditions du Septentrion à Québec se spécialisent en histoire et le présentent au public francophone. On y retrouve une Introduction de Louis-Gilles Francoeur, grand chasseur et pêcheur, chroniqueur au Devoir. Il écrit Introduction et mise en contexte. Le chasseur, maillon de la cohorte du vivant. Il critique le moralisme qui domine dans ce domaine. L’affaire des chevreuils de Longueuil – qui n’est pas encore terminée – caractérise les dérapages des bien pensants, lorsque les prédateurs naturels – loups, coyotes – sont éliminés.

 

Un peu d’histoire

Il faut se rappeler que la chasse, pratiquée par l’armée américaine au XIXe siècle pour affamer les Indiens, a presque anéanti les bisons de l’Ouest. Ici au Québec, encore au début du XXe, des primes étaient accordées pour les oreilles de loups et la chasse à la carabine des bélugas du fleuve. Il est difficile pour les urbains, après la pandémie et le confinement, d’accepter « la loi fondamentale de la nature : la survie des uns dépend de la mort d’autres espèces et que la loi de la vie est aussi celle de la mort ».

 

La chasse permet aux humains de reconnecter avec la nature, de vivre dehors, de se reconnecter avec nos ancêtres primitifs, les hommes du paléolithique, de « prendre une vacance de l’humanité ». Se promener dans le bois au lever du jour, guetter les traces, comprendre l’animal, tout permet de s’échapper du stress de la vie urbaine. Une citation de son livre : « À l’éventualité ou à la chance qu’a l’animal d’échapper à la poursuite correspond la possibilité pour le chasseur de rentrer bredouille. La beauté de la chasse réside dans le fait qu’elle est toujours problématique ».

 

N’oublions pas qu’après les gouvernements et leurs parcs, les grands propriétaires qui sauvegardent le plus de terres humides et les habitats des animaux sauvages en Amérique sont regroupés dans Canards Illimités Canada canards.ca. Les chasseurs contribuent, par leurs dons, à acheter ces marécages avant qu’ils ne soient drainés pour l’agriculture ou la construction résidentielle. Avec les golfeurs, les chasseurs sont-ils les derniers à suivre un Code d’honneur et l’étiquette de leur domaine en prenant des « vacances de l’humanité » ?