L’Iris blanc, la psychologie appliquée aux soldats romains. Une nouvelle BD d’Astérix pour aider les écoliers à augmenter leur estime de soi par la pratique de la méditation pleine conscience. De la grande littérature jeunesse.
Les soldats de César ne veulent plus combattre les Gaulois. Ils perdent toujours. Certains généraux proposent d’augmenter leur solde, d’autres de couper des têtes pour donner l’exemple. Vicévertus, médecin et chef des armées, propose une nouvelle méthode – comme notre bon Dr Julien – : « Nous avons tous au fond de nous une fleur ne demandant qu’à s’épanouir dans la bienveillance, l’Iris blanc ». Sa méthode, inspirée du grand philosophe grec Grandbienvousfas, affirme qu’un légionnaire heureux est un légionnaire combatif. Il propose à César « de renouveler l’art de motiver les hommes » César, constatant que tout a été essayé pour soumettre le village gaulois et que rien n’a fonctionné, décide de lui donner une chance. Ne devrait-on pas faire de même dans nos écoles?
Vicévertus veut modifier l’esprit guerrier, l’âme des Gaulois. Il se rend seul, non armé, dans leur village pour appliquer sa méthode. Bonemine, Ordralfabétix et Mme Agecanonix, qui sont des personnes complaisantes, hypersensibles et ouvertes aux nouveautés, adorent ses belles phrases qui vantent leurs qualités. Il réussit à convaincre Bonemine, de sortir dans la campagne barbare, du repaire de primitifs et d’aller visiter son frère dans la grande ville civilisée de Lutèce. Il veut en fait la livrer à César, pour lui démontrer la valeur de sa méthode. Mais Astérix, Obélix et Abraracourcix, réussissent après maintes péripéties, à ramener Bonemine à la raison, en lui dévoilant le piège. Elle accepte de reprendre son rôle traditionnel, à côté de son mari, le chef du village. Wikipédia présente bien l’intrigue de la BD, mais fait abstraction de ce qui est essentiel, son aspect psychologique, actuel, créatif et novateur.
Vicévertus veut apprendre aux hommes « à penser positif, à être en paix avec eux-mêmes pour être prêts au combat » et à manger des aliments sains, sans gras. Il faut « privilégier la pensée positive, plutôt que le dénigrement ». Il accepte la colère d’Obélix. Il dit à Astérix « Laisse-le s’exprimer, sa colère est saine ». Il complimente Obélix et « sa belle énergie (sa) rudesse archaïque ». Au marchand de poissons, il suggère la pêche locale, au forgeron, il apprécie les vibrations positives des coups de marteau sur l’enclume, à Bonemine fâchée, il dit : « Tu dois canaliser tes pulsions et les transformer en une force constructive, tu émanes, tu irradies ». Il trouve ainsi des qualités, inconnues dans les autres albums, à chaque personnage, même aux cruels pirates.
De retour au camp romain, Vicévertus commence avec les soldats « une série d’exercices quotidiens pour vous réconcilier avec vous-même ». À un soldat, qui a peur des Gaulois, il dit : « avoir peur des Gaulois n’est pas un problème, car un problème cesse d’en être un dès lors qu’il n’y a pas de solution ». Tous les soldats applaudissent ces belles paroles. La confiance légendaire des légionnaires romains, qui ont conquis le monde, revient. Un vrai psychologue, qui manque cruellement dans nos écoles.
Et ça continue comme cela sur des pages amusantes
Tout pour faire sortir les Gaulois de la barbarie, développer leur esprit pacifique et accueillir l’autre et ses pratiques religieuses, pratiquer l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI), s’ouvrir au monde et accepter toutes les cultures et reconnaître la viduité du nationalisme tribal. La fierté de résister et les efforts pour perdurer comme un petit peuple, ce sont des valeurs dépassées! Les belles paroles positives font leur effet. N’est-ce pas ce qui est enseigné au Québec, actuellement? En tant que vieux pédagogue diplômé et expérimenté et huit fois grand-père, je suis convaincu que toutes les professeurs légalement qualifiés, diplômés en sciences de l’éducation avec un baccalauréat de quatre années, pratiquant une profession et non une vocation, devraient faire lire cette BD en classe, qui valorise l’aspect le plus important du nouveau curriculum scolaire, le développement de l’estime de soi.
Fabcaro et Conrad, Didier, L’Iris blanc, éditeur Albert Rene, octobre 2023, 48 pages.