C’était le 1er mai 2018. Accompagné d’une amie ornithologue, nous nous sommes rendus à Venise-en-Québec afin d’explorer ce territoire situé tout proche de la Baie Missisquoi. Les forêts de feuillus, inondées en ce début de printemps, étaient constituées d’une grande variété d’essences. Un cri singulier a attiré notre attention. Un cri guttural et répétitif. Avec nos jumelles, il s’agissait de repérer d’où venait le son.

 

 

Un oiseau peu commun au Québec

C’est là que nous avons pu reconnaître le Pic à ventre roux, une espèce d’oiseau grimpeur peu commun, mais qui continue son expansion au sud-est du Canada. Il y a deux décennies, cet oiseau était vraiment très rare au Québec. Il est observé de plus en plus, même si les mentions documentées de sa nidification sont peu fréquentes. Par contre, à l’été 2019, des photos ont pu démontrer qu’un couple a élevé des jeunes à l’Arboretum Morgan situé à Sainte-Anne-de-Bellevue.

 

Une espèce résidente

Comme les changements climatiques nous font vivre des hivers moins rigoureux, il est bien possible que ce pic s’aventure de plus en plus en dehors de son aire de répartition habituelle qui est localisée au sud-est et à l’est de l’Amérique du Nord. Une fois installé pour de bon dans un territoire, ce pic ne migre pas. Si les conditions de vie lui sont favorables, il demeurera donc toute l’année avec nous.

 

Voyage récent en Floride

Le 30 octobre dernier, je parcourais avec mon frère le trottoir de bois d’un grand parc marécageux coincé entre deux routes très fréquentées1. C’était à Fort Myers, sur la côte ouest de la Floride. Le Pic à ventre roux y est présent et je l’ai bien présenté à mon frère qui a toujours l’œil très aiguisé. L’oiseau trahit sa présence par son répertoire vocal. Avec des jumelles bien ajustées, on le voit gravir le tronc de l’arbre de bas en haut. Le mâle possède la couronne et la nuque rouges. La femelle, quant à elle, n’a que la nuque de cette couleur. En ce qui a trait au ventre roux, il est très rarement visible.

 

Présent dans plusieurs types d’habitats

Cet oiseau affectionne particulièrement les essences feuillues qui produisent des noix, comme les chênes. Avant tout, il se nourrit d’insectes, mais pas nécessairement en creusant les arbres de son bec. Il peut les repérer dans le feuillage ou bien plus près du sol. Comme il possède un régime alimentaire varié, il peut aussi s’approcher des habitations et profiter des cadeaux offerts aux mangeoires. Le Pic à ventre roux mesure de 23 à 27 cm et il est une vraie boule d’énergie. On le voit souvent s’affairer sur les troncs tout en laissant entendre son cri, une sorte de tchurr ou de tchig-tchig un peu discordant. Notez le dos zébré de l’oiseau, sa poitrine et son ventre beiges et le croupion tacheté de points noirs sur fond de plumes blanches.

 

Si on prend la peine de lire un extrait du livre de David Sibley, The Sibley Guide to Birds, Second Edition, on apprend que ce pic est particulièrement commun dans les forêts humides où poussent des taxodiers2 et dans des prairies où croissent des pins. C’est justement dans un milieu humide que le Pic à ventre roux a été observé durant notre séjour en Floride.

 

De retour au Québec

Au terme de notre récent voyage, en quittant notre lieu d’hébergement, je remarque un Pic à ventre roux affairé sur un tronc de palmier, tout près du stationnement. S’était-il pointé pour nous souhaiter un bon retour au pays ? Peut-être pas, mais j’aime parfois croire à ce qui peut sembler improbable.

            1. L’endroit visité se nomme : Six Mile Cypress Slough Preserve à Fort Myers dans le comté de Lee.

            2. Le taxodier est le nom français d’une sorte de conifère aux aiguilles caduques appelé cypress en anglais.

J’aimerais annoncer pour janvier que je parlerai des mollusques. Certains coquillages ramassés sur la plage sont formés de deux entités symétriques (les bivalves) tandis que d’autres sont formés de coquilles spiralées (les gastéropodes). Coup d’œil sur ces vivants si diversifiés le mois prochain…