Le temps de l’été

photo : PXHERE

 

Lorsque juin se termine, il se passe quelque chose dans notre tête. Un déclic. Un soubresaut. Peut-être même une stupeur. On se rend compte qu’on en est à la moitié de l’année, qu’on a passé au travers d’un hiver couci-couça, qu’on a mangé notre lot de sirop d’érable et de chocolat de Pâques et qu’après avoir amené toutes nos mamans au brunch et tous nos papas en pique-nique BBQ, on peut enfin souffler. Fiou! Après la Saint-Jean, on relaxe!

 

 

Après tout, l’école est finie, le blitz de fin d’année a été surmonté avec succès, donc oui : on-re-la-xe. En ce qui me concerne, et comme c’est le cas pour bon nombre de gens d’affaires qui emploient des étudiants, on se convainc que ces derniers voudront travailler plus d’heures pour gagner leurs sous. Techniquement, cela devrait se traduire par un horaire allégé pour la patronne. Sauf que, je ne vais pas tourner autour du pot : mon été sera vraiment très occupé. En passant en revue les mois de juillet et août, tant dans l’agenda familial que professionnel, j’ai ressenti la stupeur susmentionnée. Tous les dix jours, il y a une fête, un événement, un rendez-vous inscrit sur le calendrier aimanté au frigo! Bonjour l’été de tout repos!

 

Pas de safari, pas de croisières?

Jalouse de tous ces couples qui s’envolent, sereins, se ressourcer dans les îles grecques, j’ai pleuré sur mon sort… 22 secondes. J’ai regardé ma piscine hors terre entourée d’une moitié de deck en construction, mon aménagement extérieur indéfini et vague, les jouets des enfants parsemés ici et là, l’intérieur de la maison décorée sans grands élans de designer, à la limite propre et fonctionnelle. Non, pas de vacances à Disney avec la petite famille. Pas d’aventures en amoureux au Costa Rica. Maman et papa vont alterner le travail et les jours de congé, profitant des enfants lorsqu’ils ne seront pas au camp de jour.

 

Les adultes que nous sommes dépriment intérieurement, conscients de ce que seront les vacances d’été pour d’autres familles « tellement chanceuses ». Sommes-nous les seuls à ne pas avoir réservé notre safari et notre croisière quand les publicités nous le suggéraient avec beaucoup d’enthousiasme et à prix imbattable? Quel été morne et ordinaire allons-nous offrir à nos enfants et…

  • Mamaaannnn…
  • Oui trésor?
  • Est-ce qu’on va pouvoir se baigner les soirs de semaine, cet été?
  • Bien sûr que oui. C’est pour ça qu’on a acheté une piscine l’an dernier!
  • Et est-ce qu’on va faire griller des guimauves?
  • C’est sûr!
  • On pourrait inviter des amis à dormir sous la tente?
  • Bonne idée!
  • On va aller au camping de grandmaman en pique-nique?

 

Beaucoup mieux et plus simple

Et en écoutant les demandes si simples de mes trois poussins, qui me parlaient de journée au zoo, de glissades d’eau, de journées de pluie passées devant la télé, de poutine mangée tard le soir au ciné-parc et de deux mois sans devoirs, je me suis rendu compte que le bonheur d’été était si simple. Dans l’esprit bien fait des enfants, l’été ne sert qu’à une chose : être libre de faire tout ce qu’on ne peut pas le reste de l’année. Lâcher son fou. Savoir que les parents vont être plus souples, plus souriants, plus drôles, plus pompettes aussi, parfois… Mais surtout : plus présents.

 

Apprécier le rythme de l’été

Oui, je rentrerai à six heures du matin pour cuire les croissants et ouvrir la boutique. Mais je reviendrai tôt auprès de ma famille, puisque mes belles employées en quête de fortune prendront le relais. Je retrouverai mes enfants dans la piscine ou le trampoline, je les regarderai se chamailler pour un rien et ensuite rire aux éclats. Je les surprendrai à s’ennuyer, certains jours. Le rythme de l’été est réellement différent. Même en travaillant fort sur tous ces projets qui m’emballent, je trouverai le temps. Le temps de quoi? Je ne sais pas trop encore. Mais je trouverai bien.

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