Voici un livre qui vient d’être publié du sociologue Étienne Guertin-Tardif. Pourquoi les Kevin ne deviennent pas médecins ou comment votre enfant a plus de chances de jouer au hockey dans la Ligne nationale. La sociologie peut nous aider à être heureux. « Elle aide à faire la lumière sur des énigmes de la société ». En comprenant mieux la société, nous aurons plus de chance d’arriver au bonheur.
Bon nombre de parents québécois souhaitent que leur progéniture joue au hockey dans la ligne nationale et devienne millionnaire. La sociologie nous apprend, entre autres, que les parents peuvent mettre plus de chance de leur côté en pratiquant leurs galipettes en mai, pour voir leur enfant naître en janvier. Toutes les études, pour essayer de comprendre le succès des joueurs de hockey, démontrent que ceux nés au début de l’année ont plus de chance de réussir que ceux nés en décembre.
Étienne Guertin-Tardif explique pourquoi les Kevin ne deviennent pas médecins; pourquoi les taux de suicide baissent pendant les pandémies; pourquoi les détenus (en prison) assistent à la messe du samedi soir; pourquoi les Américains meurent plus jeunes que les autres; pourquoi les prophètes vont à la toilette en cachette, etc. Les livres de la pop-psychologie, si décriée par Jacques Grand’Maison, abondent. Visitez Renaud-Bray et vous allez compter environ dix étagères avec sept tablettes chacune de livres de pop-psycho, qui conseillent le bonheur et à peine une seule tablette de livres de sociologie.
La psychologie aborde les problèmes personnels d’un point de vue individuel. C’est la fameuse affiche de l’école primaire des Hauteurs de Saint-Hippolyte : « Tout enfant est un génie, tout génie est un enfant! » Cette approche est reprise par les psychologues, travailleurs sociaux, techniciens en éducation spécialisée, thérapeute et autres spécialistes de l’inconscient. La philosophie du libre arbitre, que tout est possible à celui qui essaie, donne une cohérence à cette approche. La sociologie analyse les phénomènes sociaux d’un point de vue global, en tenant compte de la classe sociale, du groupe d’appartenance. Elle nous aide à comprendre que tout ne dépend pas de nous.
Étienne Guertin-Tardif est un jeune auteur québécois vivant. Il enseigne au Cégep Marie-Victorin. Il utilise les outils de la sociologie : vocabulaire, théorie, statistiques, observations, pour nous faire réfléchir. Il n’a rien contre les Kevin. Il sait qu’un sur mille environ au Québec devient médecin. Mais son titre accrocheur illustre sa thèse voulant que même les décisions les plus personnelles, comme le choix d’un prénom, influencent le destin du porteur. « La sociologie n’explique pas tout, mais peut nous aider à comprendre beaucoup de phénomènes qui nous entourent », commente l’enseignant de sociologie, qui publie aux Éditions du Journal.
À son avis, les sociologues devraient être invités plus souvent sur les plateaux de télévision pour éclairer le public sur l’influence des choix personnels. Leur expertise permet de voir plus clair dans de nombreux débats de société. Un exemple tiré de son livre : le suicide n’est pas un acte aussi « isolé » qu’on peut le penser. C’est un phénomène beaucoup plus social que personnel. Même si c’est l’individu qui commet l’irréparable, c’est la société qui le mène jusque-là. Les taux de suicide varient d’une société à l’autre et en fonction des événements qui touchent la collectivité. Pendant la pandémie, par exemple, on a vu le taux de suicide chuter dans de nombreux pays confrontés à la crise.
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