On encourage généralement les gens à sortir, au figuré, des sentiers battus pour innover, explorer ou assouvir leur curiosité. Mais quand on parle de randonnée pédestre, sortir, au sens propre, des sentiers battus est bien souvent interdit, car ce geste endommage la forêt et hypothèque sa régénération en plus de causer un stress à la faune.

 

Dans tous les espaces protégés ouverts au public, on remarquera qu’une des premières consignes à respecter est de rester dans les sentiers. Pourquoi cette règle est-elle instaurée d’emblée par tous les gestionnaires de parcs naturels?

 

Protéger la flore

S’aventurer hors d’un sentier entraîne presqu’inévitablement le piétinement de la flore de sous-bois. Or, une fleur printanière écrasée ou une pousse de chêne cassée par un randonneur ne se remettra probablement pas de sa blessure. Certaines mousses meurent dès qu’elles sont piétinées.

 

Le piétinement affecte l’écologie d’une forêt et met en péril sa pérennité puisqu’il contribue à abîmer les jeunes plants qui garantissent sa régénération. Une étude effectuée à Montréal a démontré que lorsqu’un secteur est complètement fermé à la circulation humaine, on observe une augmentation de 80 % des jeunes pousses d’arbres, tandis que le piétinement fait diminuer de 60 % la végétation en bordure des sentiers.1 Rester dans les sentiers balisés permet donc de protéger le sous-bois et d’en assurer la préservation.

 

Même l’hiver sous la neige, les végétaux restent sensibles au piétinement puisqu’à pied, en ski ou en raquettes, il est plus que probable que le randonneur abîme ou casse des branches en s’enfonçant dans le couvert neigeux. Plusieurs parcs et réserves ferment par ailleurs leurs sentiers au printemps, pour éviter la dégradation accélérée des lieux et des végétaux. Lors du dégel, les racines des arbres sont particulièrement sensibles au piétinement. Et les randonneurs qui tentent d’éviter les trous de boue au printemps abîment la végétation des bordures de sentiers et contribuent à l’érosion des sols.

 

Et aussi la faune

Les randonneurs qui quittent les sentiers risquent aussi de nuire à la faune. Il y a risque de détruire le nid d’un oiseau qui niche au sol au printemps, de fractionner un tunnel de neige qu’a creusé une souris ou de perturber un animal qui sommeille. On sait qu’un animal qui fuit un humain l’hiver et qui doit courir dans un couvert neigeux profond prendra plusieurs heures à se remettre de ce stress et à refaire le plein d’énergie. Les intrusions hors des sentiers balisés nuisent ainsi grandement à la faune. Elles provoquent stress et dépenses d’énergie non essentiels qui peuvent épuiser les animaux et mettre leur survie en péril.

 

Éviter l’introduction de plantes envahissantes

Un sous-bois endommagé par les randonneurs est en outre plus vulnérable à l’apparition de plantes exotiques envahissantes comme le nerprun bourdaine ou l’anthrisque des bois. Celles-ci profitent des trouées dans le sous-bois provoquées par le piétinement pour s’installer et éventuellement prendre la place des plantes indigènes. La forêt risque donc à moyen terme de perdre une grande partie de sa biodiversité. Rester dans les sentiers évite la propagation de graines d’espèces végétales envahissantes qui pourraient se retrouver collées aux semelles des randonneurs.

 

Éviter les mauvaises surprises

Rester dans les sentiers permet aux randonneurs d’éviter d’entrer en contact avec des plantes urticantes comme l’herbe à puce ou l’ortie. Cela permet aussi d’éviter d’être mordus par des parasites comme la tique à pattes noires, vecteur de la maladie de Lyme. Cette tique ne saute pas, mais s’agrippe aux mammifères quand ceux-ci se frôlent aux herbes hautes qui l’abritent. À noter que la maladie de Lyme est maintenant considérée comme endémique à Prévost et Saint-Hippolyte.2

 

Et les chiens?

Les chiens sont interdits dans plusieurs parcs (dont la Réserve du Parc-des-Falaises, propriété du CRPF). Plusieurs citoyens déplorent cette mesure, mais les raisons qui motivent cette interdiction sont les mêmes que l’interdiction de sortir des sentiers. Les chiens sans laisse peuvent piétiner la flore, détruire un nid, chasser les écureuils (et donc les stresser). Même les chiens en laisse peuvent provoquer du stress chez la faune, puisqu’ils sont perçus comme des prédateurs potentiels.

 

1 Pourquoi rester dans les sentiers?, Réseau Canopée reseaucanopee.org/fr/bonnes-pratiques-sentiers/

2 Maladies transmises par les tiques, Institut national de santé publique du Québec inspq.qc.ca/zoonoses/tiques

La campagne de financement du CRPF 2024 est lancée!

Cette année encore, le CRPF fait appel à la générosité de la population locale dans le cadre de sa campagne de financement annuelle qui vise à amasser des fonds pour poursuivre sa mission. Restez à l’affût! De multiples affiches ont été disséminées dans la région pour inviter les citoyens à contribuer au financement de l’organisme. La campagne se poursuivra jusqu’à la fin décembre.

 

Pour faire un don : parcdesfalaises.ca/index.php/faire-un-don

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